samedi 3 avril 2010

VERDUN
Mémoire du dernier poilu

Je me souviens de nuits sans sommeil
Ou chaque aurore nous révélait le pire
Et de chaque journée au sol vermeil
A devoir compter nos morts et martyrs.

Je me souviens de pluies cristallines
Venus laver nos âmes comme une absolution
Et de nos visages tâchés d’écarlate après les grands fracas
Des dernières violences d’une armée en haillons.

Je me souviens d’enfants solides
Armés d’autant d’espoir que de peur
Venus plus résignés que valides
Offrir à la mort mille et millions de cœurs.

Je me souviens d’un près fleuri au moi de mai
Qui sentait bon la luzerne et les parfums d’amour
Après une pluie de fer jusqu’au mois de janvier
Nous y mourions encore, nous y étions toujours.

Je me souviens aussi des regards perdus
Et des plus aguerri qui les détournaient
De ces corps en pitances et à vue
Et des rats amaigris cherchant la curée.

Je me souviens de tous
De leurs noms, de leurs âges, de leurs misères,
D’avoir senti leurs souffles qui me rassuraient
Comme les nuits d’orage au lit de mon père.

Je me souviens de tout.
J’ai longtemps espéré pouvoir oublier
J’ai longtemps attendu que la fatigue s’avance
J’en suis revenu et je suis le dernier
A devoir témoigner de ce qu’est ma chance.

Au prés des larmes je suis retourné
Une pluie cristalline y lave des blés d’or
C’est là que je veus mon repos mérité
Y déposer les armes sans nul autre remord.

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