mercredi 7 avril 2010

MORS MEA LUX / texte encore non illustré

Auriez vous supposer qu’elle puisse nous accueillir
Avec autant de cœur et si peu de désir
Car son amour est si grand
Si grand, que nul ne peut imaginer
Elle est tellement d’amour
Qu’elle en est l’être illuminé.

Elle est là, silencieuse, car on la sait discrète
On la nomme à murmure et à huit clos
Autour de l’âme pieuse et des larmes secrètes
Aux derniers sacrements et aux premiers sanglots.

L’auriez vous déjà vu
Que seul vos peurs suffisent à la juger
Certes, elle n’est de celle que l’on convie
Mais elle agrée sans distinction
Et se garde bien de mesurer
Celui ou celle pour qui la vie
N’a eu de grâces ou de raisons.

Elle est là, simplement
Superbe de recueil, prisonnière assignée au devoir accompli
Comme une femme résignée à demeure au linceul
Ou nul âme ici bas lui suscite l’empathie.

Auriez vous seulement imaginé
Quelle puisse être martyre
Quelle peut-être son fardeau
Et s’il en est de pire
Car elle est l’ange désigné
A demeure et en place
Qu’a chaque instant dernier
Aucun cœur ne remplace.

Elle est là, seule, face à ses prières
Et elle en fera sa fontaine morne
Sans aucunes disgrâce et nuls autres manières
Comme une vérité qui parfois nous étonne.

Elle est venue comme je l’attendais
Comme un chant que l’on frissonne comme une léthargie
Batelière de mes rêves et de tout mes secrets
Sentinelles de mes songes et de mes litanies.
Serai-je le premier,
En serai-ce la raison ou pour me remercier
Que de l’avoir voulu si belle
Courtisane princière, elle est repartie.

samedi 3 avril 2010

Libre interprétation du texte "Verdun" par une peinture d'Olivia Quitin.

VERDUN
Mémoire du dernier poilu

Je me souviens de nuits sans sommeil
Ou chaque aurore nous révélait le pire
Et de chaque journée au sol vermeil
A devoir compter nos morts et martyrs.

Je me souviens de pluies cristallines
Venus laver nos âmes comme une absolution
Et de nos visages tâchés d’écarlate après les grands fracas
Des dernières violences d’une armée en haillons.

Je me souviens d’enfants solides
Armés d’autant d’espoir que de peur
Venus plus résignés que valides
Offrir à la mort mille et millions de cœurs.

Je me souviens d’un près fleuri au moi de mai
Qui sentait bon la luzerne et les parfums d’amour
Après une pluie de fer jusqu’au mois de janvier
Nous y mourions encore, nous y étions toujours.

Je me souviens aussi des regards perdus
Et des plus aguerri qui les détournaient
De ces corps en pitances et à vue
Et des rats amaigris cherchant la curée.

Je me souviens de tous
De leurs noms, de leurs âges, de leurs misères,
D’avoir senti leurs souffles qui me rassuraient
Comme les nuits d’orage au lit de mon père.

Je me souviens de tout.
J’ai longtemps espéré pouvoir oublier
J’ai longtemps attendu que la fatigue s’avance
J’en suis revenu et je suis le dernier
A devoir témoigner de ce qu’est ma chance.

Au prés des larmes je suis retourné
Une pluie cristalline y lave des blés d’or
C’est là que je veus mon repos mérité
Y déposer les armes sans nul autre remord.